Ce billet est né d'une irritation. Je me suis toujours dit (naïvement) que l'école était accessible à ceux qui voulait. Que tout n'était qu'une question de travail, d'envie, de motivation etc. Tout ce que je pensais est faux dans la plupart des cas. Alors oui, des élèves de ZEP, de quartiers difficiles, de familles pauvres qui "réussissent" ça existe, mais c'est tellement rare qu'on en parle au JT de France 2. Et raisonner à partir d'exception n'a je pense aucun sens et ne sert qu'a noyer le poisson.

La vérité c'est que si l'on hiérarchise ma classe en se concentrant sur les notes, on voit que les meilleurs sont presque tous ceux dont les noms ont une particule genre De Machin ou alors sont tous ceux qui ont la voix la plus pompeuse (à défaut d'autres mots).

Cette inégalité ne peut pas être liée au mérite des élèves. Cette inégalité est sociale avant d'être scolaire et intellectuelle.

En prépa, cela ne se voit pas seulement dans les notes mais aussi dans les mots des professeurs. Je ne leur reproche rien et c'est sans doute inconscient, admis dans leur fonction. Mais lorsqu'au détour d'une phrase, ils évoquent un écrivain "obscur", un philosophe inconnu, un film d'auteur des années 50, un voyage à New-York, je ne ressens pas ça comme une volonté de nous inculquer un savoir, mais c'est comme un clin d’œil à certains, ceux qui savent, ceux qui ne sont pas toi. On met à distance une certaine partie de la classe.

C'est un système à deux vitesses. Tu n'es pas réellement à ta place. C'est un privilège qu'on te donne. Celui d'être dans la cour des grands. Remercie les Ô grands sages qu'ils sont.

Au collège, y avait des noirs, des arabes. Au lycée, déjà beaucoup moins. En prépa, c'est une exception. Moi, en France ça me dérange.

Je suis en colère. Pas contre les professeurs qui font ce qu'on leur demande. Encore moins contre les élèves qui ne sont pas responsable de leur niveau social. Je suis en colère contre ce système auquel on me fait adhérer. Non pire, un système auquel j'ai choisi d'adhérer.

Ça n'a rien de nouveau, mais j'avais besoin de vider tout ça.

Je vous laisse une petite vidéo qui exprime ça beaucoup mieux que je ne le fais et avec de l'humour.

Regardez à partir de 6min40 si vous avez la flemme.

Mathieu

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